ALINE

Aline est un projet de fiction théâtrale qui a pour thème la vérité.
Et le rapport tumultueux qu’elle entretient avec la parole.

ALINE est un projet de spectacle en cours d’écriture qui réunit Jean Le Peltier et Lucas Meister.
Il explore le rapport tumultueux que le langage peut entretenir avec la vérité.
Deux amis de longue date, Rodolphe et Luis, se parlent peu mais marchent de
coutume chaque été en silence dans la nature. En silence parce qu’ils ne savent pas trop quoi se dire. Rodolphe prépare tout à l’avance et Luis suit le mouvement. Mais cet été Luis décide d’improviser, il prétend connaître une amie, Aline, dont on peut rejoindre la maison par un chemin qu’il connait bien. Il ment. Ce petit mensonge sera le début d’un grand ajustement entre les deux amis sur leur compréhension relative de la vérité. Et l’occasion de rencontrer Sam, une jeune femme qui vit reculée du monde, du travail, des promesses et du langage en général.
La prétendue maison d’Aline, où vit Sam, devient un espace verbal fluctuant, quand les mots raisonnent d’une étrange manière et que leur substance logique se décompose.
Un infra-monde apparait où sommeillent d’étranges animaux blancs contre lesquels on peut aller se blottir au grenier avec un petit frisson d’appréhension.

Phantasia

« PHANTASIA c’est un seul en scène.
PHANTASIA c’est une fable.
PHANTASIA c’est une expérience visuelle.
PHANTASIA parle du fait que, d’accord, on est des gros malin·es,
mais que, quand même, parfois on est aussi prêt à croire n’importe quoi.
Par exemple, si on nous demande maintenant, pourquoi lorsqu’il y a du soleil, notre peau ressent de la chaleur, nous, on va penser : le soleil est chaud – très chaud même, comme c’est une immense boule de feu – si bien que c’est normal qu’il nous chauffe, tout comme le feu nous chauffe quand on approche notre main.
Jamais, on irait penser, à première vue, que la chaleur du feu du Soleil ne pourrait jamais parcourir les cent quarante neuf millions cinq cent nonante sept mille huit cent septante kilomètres sept cents qui nous sépare de lui, parce que l’espace est vide et que donc la chaleur du soleil reste prisonnière du Soleil, n’ayant aucun moyen de se diffuser.
Jamais on irait penser que la chaleur provient de la lumière, de ses photons, parce que seule la lumière se propage dans l’Espace grâce ces particules élémentaires qui se déplacent dans le vide interstellaire à la vitesse de la lumière, soit 300 000 km/seconde environ.
Jamais on irait penser qu’au contact de l’atmosphère, ces photons heurtent les particules de l’air terrestre en perdant de l’énergie. Et que cette énergie provoque de la chaleur comme des microscopiques balles de mitraillettes qui chaufferaient leur point d’impact. Et que seuls les photons qui voyagent avec des longueurs d’onde proches de l’infrarouge et qui sont absorbés
directement par notre peau, nous donnent une impression de chaleur. Et que ceux qui servent aux plantes pour la photosynthèse et ceux qui produisent de l’électricité grâce aux cellules photovoltaïques, voyagent dans des longueurs d’ondes encore différentes. (…) » Jean Le Peltier

Nos Empereurs

Sujet classé pour les uns, objectif politique pour les autres: où en est la décolonisation du continent africain?
Après la fresque écologique Le temps des fins, Guillaume Cayet signe une nouvelle création ambitieuse qui prend racine au Bénin, racontant la trajectoire d’un homme et de ses héritier·ère·s sur plus d’un siècle de 1895 à aujourd’hui.

À en croire les livres d’Histoire, le temps de l’Empire colonial est un chapitre clos depuis longtemps. Mais le XXIe siècle marque-t-il vraiment la fin des spoliations méthodiques orchestrées depuis des siècles? Le temps des colonies est-il vraiment fini? Composant une fresque décoloniale autour d’un même lieu, Nos Empereurs raconte l’histoire d’Armand Lamarque, capitaine de l’armée française devenu exploitant d’huile de palme, après être arrivé en Afrique avec l’idéal d’un monde à réinventer. À mesure que ses convictions se heurtent aux réalités du terrain, la mission se déforme, jusqu’à faire de lui un empereur fou, déterminé à conserver le contrôle d’un monde qui lui échappe. Comme un Faust immortel, le militaire traverse les époques et multiplie les jeux de miroirs entre la volonté de conquête des terres et celle des esprits. Huit interprètes incarnent les différents rôles de cette saga familiale dans une forme qui mêle fable historique, narration poétique et réalisme magique, traversée par les échos des penseurs africains et caribéens. Sur scène comme au-dehors, il est grand temps de faire face aux spectres du passé.

Dame jument

Une femme raconte l’histoire Laetitia du Val, jument qui vit seule dans un pré clôturé. Autrefois compétitrice dans la discipline du saut d’obstacle, mise en retraite anticipée pour cause d’agressivité, elle broute parce qu’il faut bien vivre, chasse la mouche qui harcèle sa pupille et obéit à sa maîtresse. Dame jument est un conte animalier qui laisse deux femelles mammifères – humaine et équine – se rejoindre. Ce faisant, il défriche un espace de pensée hybride pour y aborder la maternité, notre rapport à la performance, et trouver des chemins d’espoir.

« Depuis que je suis mère, les animaux de la ferme ont fait leur entrée dans mon quotidien, dans une langue particulière, celle du conte pour enfant. Cet usage du vivant au profit de l’éducation de notre progéniture me questionne, me faire rire et me scandalise. Elle a quelque chose de grinçant à l’âge de l’anthropocène, alors que l’activité humaine est repérée comme la cause de la disparition de la biodiversité. Avec Dame jument, je souhaite écrire un contre-conte animalier, dont l’héroïne serait non pas le jeune enfant, ou le petit ours, mais une femelle, mise en retraite anticipée, mal sevrée de son poulain, isolée dans un pré. Témoignant de l’hybridité du vivant, entre naturel et artificiel, et de l’imbrication du règne animal avec le politique.
Je souhaite plonger dans les actions répétitives du vivant : brouter, avaler, déféquer, dormir, se défendre contre la mouche, actions essentielles et avilissantes, et par là- même sonder de nouvelles temporalités théâtrales.
Traverser ce récit va se révéler être une entreprise périlleuse pour la femme, sauvée in extremis par l’arrivée d’un deuxième personnage : son fils.
Dans ce conte interspéciste la forme vient au secours du fond : en pénétrant le soliloque de sa mère, le fils redonne du souffle à un monde clos. L’émancipation ne se fera pas dans la solitude, mais en dialogue. »

TWO

TWO est une pièce sur la relation à l’autre, les relations possibles à toute forme humaine que l’on rencontre.  À partir d’un dispositif simple, un espace limité de 2m par 2m, deux performereuses cherchent à entrer en contact puis se libérer de ce contact. Personne ne sait ce qui va se passer, ni le public ni les performereuses. TWO est une forme qui s’écrit à l’instant présent pour dévier des enjeux de représentations de certaines relations. Ainsi, Audrey et un-en interprète y explorent la découverte d’un corps étranger à iels-mêmes, l’accord & le désaccord des corps, la fusion, le repoussé, la domination, la violence, l’extrême tendresse. Iels s’y confrontent aux frontières des relations, sans apposer de rôles afin que toustes y apposent son interprétation : couple, amitié, sororité, maternité, parenté, rivalité, etc.

TWO se joue dedans, dehors, en 1H30, en 4H et certainement d’autres dispositifs à expérimenter ! Cette pièce peut être vue par bribes ou dans son entièreté. Elle est un travail à vue. Un moment non spectaculaire mais hypnotisant. C’est aussi une forme de rencontre d’Audrey avec un.e performereuse. Dans TWO, on se relationne sincèrement : c’est la réalité et la fiction qui se jouent en même temps.

QUEEN B – Devenir reine

POINT DE DEPART
Olivier Michel, programmateur de la Péniche Pop, et Elise Dabrowski, artiste associée, ont invité Pauline Tremblay à créer une performance autour de Run the worlds (Girls) de Béyoncé, dans le cadre du Festival (Re)Mix# 4 «Protest songs, musiques de résistance».
L’analyse du clip de Run the World (Girls) de Queen B. est devenue l’occasion pour la chorégraphe de revisiter sa propre trajectoire de féministe en tant que femme née dans les années 80 : de la devise « si tu sors comme ça il va t’arriver des bricoles », en passant par le Girl Power des Spices Girls, le punk, le féminisme universitaire, la réappropriation du male gaze, les tuto de danse sur YouTube, les premières manifs pour l’avortement, Metoo, les premiers cours de danse et les premiers lumbagos…
Le décryptage chorégraphique, iconographique et socio-économique du clip de Béyoncé de 4 minutes devient le support pour retraverser 4 décennies d’une quête d’émancipation plus ou moins réussie.
C’est une performance féministe Pop qui n’en est pas moins punk.

Woyzeck ou la vocation

Tünde Deak en dialogue avec Woyzeck de Georg Büchner

Qu’est-ce qui déclenche une vocation artistique? Tünde Deak remonte le fil jusqu’à une représentation fondatrice de Woyzeck qui l’a bouleversée à vingt ans. Entre enquête autobiographique et fragments de Büchner, elle explore ce moment où l’on commence à devenir soi.

En 2001, Tünde Deak assiste à la Maison de la Culture de Bobigny (MC93) à une représentation de Woyzeck, mise en scène par l’artiste hongrois Arpad Schilling. Elle a vingt ans. Ce jour-là, un corps gît sur scène – celui de Woyzeck, prolétaire humilié, broyé par les figures d’autorité, sombrant dans la folie jusqu’à tuer celle qu’il aime. À première vue, rien ne reliait la jeune femme qu’elle était à cette figure tragique née sous la plume de Georg Büchner en 1836. Et pourtant, ce spectacle en hongrois, dans la langue de ses origines, la bouleverse profondément. Il déclenche ce qu’elle nommera plus tard sa «vocation» de metteuse en scène. Aujourd’hui, Tünde Deak se replonge dans cette pièce fondatrice avec ses yeux d’adulte. Que s’est-il vraiment passé ce soir-là? Qu’est-ce qui l’a saisie au point de transformer son rapport au monde? Après avoir interrogé les tiraillements de la double-culture dans Tünde [tyndε] et dans Ladilom, et une nouvelle fois avec la complicité de la musicienne Léopoldine HH, Tünde Deak explore comment la découverte de ce spectacle a finalement été l’occasion de rencontrer un autre langage, celui du théâtre.

 

ICI MAINTENANT ENSEMBLE

ICI MAINTENANT ENSEMBLE est une traversée du théâtre en immersion dans des tableaux vivants en résonance avec le monde autour de nous. Une performance jaillissant de quelques jours de création, de nouvelles rencontres, de trois ans au Nouveau Studio Théâtre.
Ce voyage du public dans le lieu est aussi un terrain d’expérimentation pour sortir des rapports traditionnels dans et en dehors du théâtre.
Aller autour, dedans, très proche, avec, en suivant, au loin : tout invite aux mouvements de pensée et de corps. C’est une incitation à s’engager autrement. Il y a aussi l’envie de créer vite, d’expérimenter de nouveaux chemins, de sculpter une matière brute, de jouer avec les signes donnés aux spectateur.ices, de nous rassembler ensemble ici et maintenant.

 

A L’Escita (A la sortie)

Depuis ma découverte de l’œuvre de Luigi Pirandello, mon premier amour théâtral, j’ai souvent voulu mettre en scène cette pièce aux accents beckettiens, cachée dans une pléiade entre deux œuvres monumentales du maître sicilien.
Les morts sont physiquement présents en Corse, comme partout en méditerranée. Ils habitent les villages, avec ces chapelles au milieu des vivants, sur les terrains familiaux, accolées aux maisons. Ils seraient l’origine du nationalisme, du sentiment d’appartenance à une terre.
J’ai demandé à Jean-Toussaint Plasenzotti de traduire All’Uscita en langue corse, la langue de mes morts, une langue que je ne parle pas. Elle revêt dans mon imaginaire une dimension « historiquement » populaire. Elle m’apparaît comme une langue de la ruralité, une langue ouvrière, un parler de la rue, une poésie de la réalité comme dirait Pasolini.
Nous jouerons dans les villages, en extérieur, en choisissant des lieux forts pour dire cette histoire. Pirandello fait dialoguer le monde des vivants et le monde des morts. Il construit une pensée philosophique mélancolique et il convoque les artifices de la comédie, avec son rythme, des coups de théâtre, le pathétique drame bourgeois, ces personnages empêtrés par eux-mêmes.  Un mélange indissociable et continu de comédie et de tragédie qu’on appellerait la vie. Et ce sera dans la vie des autres que nous dirons cette parole.

François Orsoni

Il n’y a pas plus casanier qu’un animal sauvage

« Le travail avec les danseur.se.s amateur.ice.s tient une place importante dans mon parcours. En tant que danseur, j’ai accompagné plusieurs chorégraphes dans des créations participatives : Olivia Grandville (FOULES – 2014), Tatiana Julien (Turbulences – 2018), Aurélie Gandit (Visite dansée de l’Arsenal de Metz – 2015).

Avec mon travail, j’ai développé des danses et des outils de transmission accessibles au plus grand nombre, ce qui m’a permis d’aller à la rencontre de nombreux.ses amateur.ice.s. Au fur et à mesure, l’envie de faire une pièce pour et avec ce public est devenue une évidence.

C’est pourquoi en 2024 et 2025, je vais mener un laboratoire de recherche qui sera le point de départ d’une future création. J’y questionnerai les comportements que développent les animaux pour entrer en relation, à travers un langage non verbal qui s’appuie sur le corps. Je souhaite me concentrer principalement sur les comportements adoptés lors des parades amoureuses.

Nous autres, êtres humains, avons la fâcheuse tendance à nous exclure du règne animal, nous coupant souvent de nos instincts primitifs afin de répondre à des normes sociétales. Pourtant il suffit d’observer des personnes dans des contextes de séduction, entre autres, pour voir que nos corps s’expriment souvent au-delà de notre contrôle et de notre perception. Dans ce laboratoire, j’aimerais que les danseurs et danseuses se reconnectent à leur animalité pour inventer des rituels de séduction à la frontière des espèces. Il ne sera pas question de caricaturer des animaux mais plutôt de nous inspirer de certaines parades qui précèdent l’accouplement. Je pense par exemple aux animaux qui synchronisent leurs déplacements dans des danses spatiales, à d’autres qui transforment leur apparence corporelle, à ceux qui entrent dans des joutes ou émettent des sons particuliers.

En invitant des amateur.ices pour explorer ce thème, j’espère rencontrer des personnes au corps non formatés, à la gestuelle brute et instinctive. L’idée ne sera pas de leur faire traverser des danses complexes mais plutôt des états de corps, des qualités de mouvements et des actions concrètes (marcher, aller au sol, se regrouper etc.) en rapport à la musique. Je souhaite convoquer un nombre important de personnes (entre 20 et 30) afin d’aborder des travaux de groupe autour de l’idée de la meute et des rituels collectifs. J’aimerai également inviter des gens que l’on a peu l’habitude de voir au plateau, comme des personnes âgées ou en situation de handicap.

Dans mon travail chorégraphique, j’aime m’appuyer sur la structure d’une musique pour construire la danse. Jusqu’ici, j’ai toujours choisi des morceaux courts, qui n’ont pas de lien entre eux et que je rassemble au sein d’une même pièce. Pour ce nouveau projet je vais m’appuyer sur une seule œuvre musicale, ce qui me permettra de calquer la dramaturgie de la pièce sur la dramaturgie de cette musique. J’ai choisi une œuvre emblématique, très souvent utilisée en danse (oserais-je dire un cliché ?) : Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. »

Sylvain Riéjou