ZOO

PETIT ÉLOGE DE L’IMPERFECTION
Théâtre performatif. Histoires en tout genre. Faux chevaux. Vrais robots.

Imaginez trois jolis lacs de montagne au-dessus de Grenoble. Très beaux, très frais. C’est là que vous convie Jean-jean, un artiste un peu naïf qui aime rappeler l’importance de la nature et de la solidarité. Il est accompagné de son assistant personnel, Pedro, un robot-caillou sur pattes. C’est là, en pleine montagne,  qu’il rencontre Gioia, sculptrice et lieutenant, et Grégoire, un ingénieur aussi proche de la retraite que du suicide.

Zoo, c’est l’histoire de Jean-jean et de sa naïveté, de Pedro et de son intelligence piratée, mais c’est surtout l’histoire d’une rencontre entre trois êtres un peu nazes, inadaptés à la modernité numérique; plus proches de la définition de l’intelligence humaine que de l’intelligence artificielle, celle qui bat même les champions d’échec et de go.

Jean le Peltier a le don d’écrire des histoires d’une apparente naïveté, mais d’une totale acuité. Auteur et narrateur à la fois, il trouve ce qu’il y a d’un peu grandiose dans le simple. Il nous donne ici l’occasion de voir un spectacle avec une intelligence artificielle, pour se réconcilier avec notre imperfection humaine.

+ Teasers vidéo

+ Création à l’Atelier 210 | Retours presse 

Grès (tentative de sédimentation)

L’histoire d’une transformation

A la base il y a un mouvement. Un double mouvement. Social et intime. Il y a mon envie de parler de ce mouvement qui a dépassé, voire débordé une bonne partie de ce que la « gauche » pensait encore possible en matière de mouvement social. Il y a ce mouvement des sans-parts, des sans-représentations. Peut-être aussi ce mouvement des classes moyennes et des délaissé·e·s Ce mouvement dans lequel j’y reconnais mes voisin·ne·s, mes camarades d’école, ma famille. Une colère familière. Depuis longtemps j’écris sur les luttes, sur des sujets qui m’animent politiquement, sur les mouvements sociaux, sur nos intimités traversées par la société dans laquelle nous vivons. Une société où l’on nous parle de fin du monde. Car bien évidemment, il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. J’écris d’abord pour moi. L’écriture m’explique le monde. Ce que je n’y comprends pas. Ce que je n’arrive pas à y lire. L’écriture m’explique mes incompréhensions, mes contradictions voire mes paradoxes. Et parce que lecteur d’essais sociologiques, historiques et politiques, je pense l’écriture dramatique comme un mouvement historique. Partir à la source, autopsier le présent par l’Histoire. Comprendre l’avenir en auscultant le passé. J’écris une trajectoire. Celle d’un vigile de centre commercial devenu manifestant. Quelques questions sous-tendent cet écrit : Comment se transforme l’humiliation en colère ? Comment se produit l’instant décisif ? Lorsqu’un corps décide de passer à l’action, de monter dans un bus pour lancer des pavés à la capitale. Grès est le récit d’une voix. Celle-ci se raconte, nous raconte. Sa trajectoire. De son travail, à sa voiture, les ronds-points, la nationale, la maison, les repas avec sa moitié et ses enfants …Grès est l’histoire d’une tentative de sédimentation. De tous ces petits bouts d’incompréhension, de rage sourde, qui forment à l’intérieur de l’estomac une pierre dure et solide. Grès est l’histoire de cette pierre. De cette pierre sortie du ventre du ressentiment.

+ DossierDésordre des choses – Grès

+ PresseToute la culture | Grès, l’ingrédient d’une révolution sociale et culturelle, Par Rudy Degardin

Monsieur le Député

Texte | Leonardo Sciascia
Traduction | Maurice Darmon

Texte autobiographique de Leonardo Sciascia, Monsieur le Député, nous plonge dans la Sicile des années 60 auprès d’un professeur passionné de littérature et grand lecteur de Don Quichotte.
Courtisé par deux émissaires du parti dominant, les Démocrates-Chrétiens, il accepte contre l’avis de son entourage de se présenter aux élections législatives.
Fin observateur d’une société rongée par la jalousie et les luttes de pouvoir, l’auteur sicilien met en scène la métamorphose sournoise d’un être vertueux dont la faculté de « savoir parler » le mènera malgré lui à devenir l’homme de tous les compromis, sacrifiant au passage sa culture, sa famille et sa dignité.

Monsieur le Député est le deuxième volet d’une trilogie autour de la relation entre théâtre et politique débutée avec La Mort de Danton de Büchner et qui se clôturera avec la pièce Coriolan de Shakespeare (création en novembre 2020).

La critique de Jean-Pierre Thibaudat

Mediapart • Jean-Pierre Thibaudat • 31 janvier 2020

La comparution (la hoggra)

Tout public à partir de 16 ans

Le deuil, la colère et la lutte pour la vérité et la justice: avec La comparution (La hoggra), Guillaume Cayet et Aurélia Lüscher abordent le problème des violences policières par la fresque familiale.

La vie de la famille Saïdi bascule un soir, lorsque Malik, l’un des fils, violemment interpellé par une brigade de police, meurt des suites de ses blessures. Dès lors, tout s’enchaîne: la justice se met en branle, la tension monte dans le quartier et le tourbillon médiatique s’abat sur les membres de la famille qui tentent, dans la tourmente, de garder la tête haute.
Dans cette fiction qui colle au plus près du réel – le sociologue Mathieu Rigouste a activement participé à l’écriture – Guillaume Cayet et Aurélia Lüscher placent la focale sur l’entourage des victimes de violences policières. Comment un événement dramatique fait-il bifurquer nos existences?
Au cœur de la réflexion de l’auteur et de la metteuse en scène, la question de la transformation se déploie dans la trajectoire des sept acteurs et actrices incarnant la famille Saïdi et ses proches, que l’on suit sur deux périodes, à cinq ans d’intervalle.
Portée par le rap de deux membres du groupe La Canaille présents au plateau, La comparution (حُوڤْرا) embarque sur les chemins sinueux de la résilience et de la résistance face au problème, plus que jamais d’actualité, des violences policières.

+ Dossier | Désordre des choses – La Comparution

Neuf mouvements pour une cavale

Monologue itinérant autour du paysan Jérôme Laronze
Tout public à partir de 14 ans
Durée : 1h10

Le 20 mai 2017, veille de l’élection présidentielle, un gendarme tue Jérôme Laronze, 36 ans, éleveur d’une centaine de vaches à Trivy (Saône-et-Loire), au terme de neuf jours de cavale transformée en chasse à l’homme.
Cet événement croise la trajectoire d’écriture de Guillaume Cayet, qui a déjà consacré un texte au monde paysan avec Dernières pailles (Éditions Théâtrales, 2016). Après de nombreux échanges avec Jean-Paul Ozon, agriculteur bio auvergnat, et Marie-Pierre Laronze, sœur de Jérôme, Guillaume écrit un texte, sous la forme d’un monologue, où une sœur -possible Antigone contemporaine- réclame un procès pour son frère, dans une affaire policière risquant d’être classée en non-lieu. Un monologue en neuf mouvements, où il est question de colère, de normes agricoles, de violences policières, d’injustice, et de transformer le deuil en révolte.

Innocent.e.s

Un cours d’histoire dans un lycée. Un rendu de devoir sur table. Le sujet cette semaine porte sur les anciennes colonies françaises et Louise y a écrit une sorte de maxime: « Nous devrions déjà nous décoloniser avant de parler des anciennes colonies. Ne rien dire. Ne rien faire. C’est déjà un crime. ».
Un texte court d’une quarantaine de minutes, où deux comédien.ne.s côtoient Foccart, Mitterrand, Jean Jaurès. Où les questions liées à notre héritage colonial tutoient les violences policières et les pratiques contemporaines de répression.

Contes chinois

Utilisant la vidéo comme noyau scénographique, François Orsoni installe un théâtre d’images où l’action se déploie dans l’imaginaire du spectateur par le biais d’une narratrice située en avant-scène, d’un musicien en live d’un côté du plateau et du dessinateur Chen Jiang Hong, pinceaux en main, à l’opposé.

Les deux contes orientaux, à la fois poétiques et trépidants, profonds et épurés que sont « Le Prince tigre » et « Le Cheval magique de Han Gan » se déploient et s’animent en direct sur l’écran vertical qui se dresse au centre au plateau.

En savoir +

« J’ai rencontré Chen Jiang Hong à l’occasion d’une manifestation à Paris Villette en 2008. Le festival codex m’avait offert une carte blanche pour présenter un spectacle destiné aux enfants. J’avais proposé à Chen de faire une performance autour de deux de ses livres, Le cheval magique de Han Gan et Le prince tigre.Il est ici question de la place de l’art dans le monde, de la force de la transmission, de la difficulté de vivre avec ses différences fussent-elles des dons… D’une manière poétique et métaphorique, ces deux histoires racontent Chen, son héritage culturel et sa propre expérience. Chen, qui est auteur et peintre, travaille dans l’intimité et la solitude de son atelier, mais il aime aussi la scène, le public, la jouissance dans la multiplicité, l’énergie et la générosité que le plateau demande. Et c’est cela qui m’a plu en lui et donné l’envie de faire ce spectacle.Tout s’est construit autour de ces deux éléments : l’intimité et la performance.

Pour le prince Tigre, nous avons utilisé les illustrations du livre de Chen. Chacun des tableaux est projeté à l’échelle du théâtre. La scène devient une sorte de livre ouvert, avec des pop-up géants qui jaillissent du sol. Les images se figent pour raconter, pour suspendre le temps, le regard du spectateur recherche des détails, rentre dans l’image. C’est un montage image en direct, un dessin animé par les sens et les émotions. De véritables tableaux s’enchaînent comme on tournerait les pages d’un livre. A l’échelle d’un théâtre, j’ai voulu reproduire l’intimité d’une lecture qu’on ferait à un enfant le soir au coucher.

Le Cheval magique de Han Gan parle d’un enfant qui va vers la peinture, la peinture comme salut dans la vie, comme moyen de se donner les moyens – le désir de toujours peindre, puis la reconnaissance académique et une fois cette reconnaissance, le risque d’être utilisé par les autres… Chen entre ici en scène. Il agit directement sur la narration en dessinant l’action à l’encre de chine. Son trait fin, rapide et incisif devient le moteur du récit. Une caméra agrandit le dessin sur l’écran de projection qui couvre l’ensemble du plateau. On décompose l’illusion en fabriquant les images devant les spectateurs. C’est une performance picturale en parallèle et en interaction avec cette histoire. Un simple trait de pinceau devient le plateau tout entier, l’image s’anime, certains dessins sont précis, d’autres de simples esquisses, certains sont abstraits.

La poésie est partout, dans chacun des dessins, dans leurs silences, dans les histoires, dont le rythme est lent, comme pour s’opposer à la profusion des images que produit et consomme notre monde. Plutôt que d’incarner les personnages, j’ai voulu faire du plateau un grand livre animé comme une expérience narrative où se mêlent voix, dessin, vidéo et musique. »
François Orsoni

Coriolan

Dernière tragédie écrite par Shakespeare, Coriolan est sa pièce politique par excellence, celle qui touche à la fondation et au maintien du pouvoir. Après La Mort de Danton, où il était question de la genèse de notre république, et Monsieur le député, d’après le roman de Leonardo Sciascia qui relate la tentation de la corruption dans les sphères du pouvoir, Coriolan sera l’aboutissement d’une trilogie sur le théâtre politique, sur les mécanismes de la politique et leur représentation au théâtre.
Comment représenter l’acte politique dans le théâtre, et comment donner au théâtre la dimension d’un acte politique ?
Pour cette création François Orsoni retrouve le groupe d’acteurs avec lequel il travaille depuis de nombreuses années. Ceux qui l’accompagnent depuis le début, qui se connaissent, qui forment un groupe social, qui s’aiment et s’apprécient. Comme dans Baal ou Danton, il s’agira de raconter, avec une bonne dose de joie et d’énergie, une épopée qui va de la gloire à la mort.

DossierCORIOLAN

ECHO ( ) Histoire de la lumière

À LA RECHERCHE DE BOUCLES RELATIONNELLES

ECHO invite le public à monter sur scène pour devenir émetteur de sa propre présence. Cette assemblée éphémère, érigée, debout, forme un paysages en lentes mutations, propageant des vibrations à danser, des élans à chanter, ouvrant de nouveaux passages dans les corps.

En archéologues des courants profonds, nous nous disposons à capter ces signaux du public et à les renvoyer, les amplifier, les catalyser, les transformer, y faire écho, cultiver un système de feedback, et générer du larsen attentionnel. En révélant ce qui nous contamine, des sculptures chorégraphiques et des montagnes sonores apparaissent, forcément uniques pour chaque assemblées.

Nous cherchons à fabriquer des boucles relationnelles, des réseaux de continuité empathiques entre le public et nous. Il s’agit de s’inviter mutuellement à alimenter la relation, à partir de ce qu’elle nous fait, là, maintenant. D’engager les personnes du public à être co-actrices de la relation avec nous, et avec ce qui se tisse au plateau. Ensemble, de fabriquer une connexion avec quelque chose qui est en face de soi et d’en extraire un peu plus que ce qu’on croyait présent en soi, inventer un nouveau rituel collectif, un nouveau corps dansant.

Dans une perspective féministe et de transformation des rôles sociaux et genrés, ECHO nous invite toutes et tous à cultiver consciemment des postures relationnelles actives, où l’on s’efforce d’être présent·es à la situation, ici et maintenant, où l’on se met au travail de la relation et de la rencontre, et où l’on découvre que l’on s’est positionné·es un peu différemment de ce qui était attendu.

Je rentre dans le droit chemin (…)

Je rentre dans le droit chemin (qui comme tu le sais n’existe pas et qui par ailleurs n’est pas droit)


« Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme ce sera moi. »
Les Confessions, Jean Jacques Rousseau

Comme en diptyque de son premier solo Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, Sylvain Riéjou poursuit son exploration vidéo-chorégraphique de l’acte de création en exposant sur le plateau les méandres de ses questionnements intimes.

Lorsqu’elle est publiée sur internet, la vidéo Clip pour Ste Geneviève (pourtant accueillie chaleureusement par le public, et notamment lors du concours Danse élargie) tombe sous le coup d’une interdiction pour « caractère pornographique ». Avec cette sanction débute une interrogation sur les paradoxes d’une représentation du corps dans la publicité, l’art ou sur scène.
C’est autour de la mise a nu que se développe cette nouvelle recherche de Sylvain Riejou, partant du rapport (dé)complexe/é du danseur avec son propre corps, et convoquant sa propre expérience de danseur. Sa nudité éclaire le geste artistique, parce que l’acte de création demande inéluctablement de se dévoiler et donc de se mettre « à poil ». La nudité est employée comme moyen privilégié de donner à voir un corps , dans toute sa vérité et dans son universalité, tentant de se jouer du parfum de scandale que suscite presque systématiquement sa révélation.

+ Dossier artistique

+ Entretien « La nudité n’a pas fini de parler d’elle » | Avec Wilson Le Personnic – Ma Culture